« Eleanor Roosevelt, Rosa Parks, Gandhi, tous ces gens se sont décrits eux-mêmes comme étant calme, à la voix douce, et même timide. Et ils se sont tous avancés sous le feu des projecteurs, même si tous les os de leurs corps leur disaient de ne pas y aller. Et cela s’avère avoir un pouvoir spécial qui lui est propre, parce que les gens pourraient penser que ces dirigeants étaient à la barre, non pas parce qu’ils aimaient diriger les autres et non pas par plaisir d’être regardé ; ils étaient là parce qu’ils n’avaient pas le choix, parce qu’ils ont été poussés à faire ce qu’ils croyaient être bien. »

C’est par ces mots que Susan Cain, avocate à succès présente le « pouvoir des introvertis » ! Dans un monde où il faut sans cesse communiquer et jouer des coudes, comment faire pour exister malgré sa timidité ? Et si, finalement, ils en imposaient davantage?
Eux ? Tous ceux – et vous vous reconnaîtrez peut-être – qui préfèrent les conversations à deux aux activités de groupe ; la solitude aux mondanités ; ceux qu’on qualifie souvent de «doux et sereins» et qui, qui se concentrent facilement, et qui n’aiment pas être mis sur le devant de la scène.

Moi même d’un naturel plutôt timide, j’ai peu à peu gagné en assurance au fil du temps, et même si je n’ai plus de problèmes aujourd’hui pour aller vers les autres et exprimer mes opinions, j’ai toujours un penchant à préférer le calme. Voir la solitude dans certaines situations. C’est pour cette raison que j’ai été particulièrement sensible aux travaux effectués sur ce sujet.

La timidité et l’introversion sont, à tort, tellement associées qu’on utilise souvent les deux termes de façon interchangeable. Pourtant, ce sont des traits de personnalité très différents. Un bon exemple de cette distinction est Bill Gates : il est introverti, mais pas timide. Il est réservé, mais ne prête pas attention à ce que les gens pensent de lui.

Bien des introvertis ne sont pas timides; ils sont parfaitement confiants et détendus dans des situations sociales, mais ont également besoin de moments de solitudes pour trouver l’équilibre. De même, certains extravertis peuvent rechercher la compagnie des autres tout en se sentant inquiets ou inconfortables au sein d’un groupe ou une foule.

Bien que les introvertis ont, en général, besoin de plus de solitude que les extravertis, l’idée selon laquelle ils seraient antisociaux ou n’apprécieraient pas la présence des autres est complètement fausse. En réalité, ils ont simplement besoin d’un type différent d’interaction sociale.

On accole de nombreuses étiquettes négatives aux introvertis : anxieux, asociaux, critiques (parce qu’ils observent sans rien dire), en réalité les introvertis préfèrent souvent l’interaction face à face… Ça ne les empêche pas d’aimer les groupes, mais ils préfèrent généralement être à l’écart et observer. Les extravertis interprètent ce comportement comme celui d’une personne qui n’a pas envie de s’amuser, alors que pour eux, l’observation est amusante.

Selon les recherches, de 30 à 50 % des personnes sont des introvertis. Difficile à imaginer ? C’est parce que les introvertis apprennent dès leur jeune âge à se comporter comme des pseudos extravertis.

La plus grande erreur est que les introvertis ne peuvent pas être de bons leaders.  Quand il s’agit de leadership, les introvertis sont régulièrement oubliés pour les postes de direction, même si les introvertis ont tendance à être très prudents, beaucoup moins susceptibles de prendre des risques démesurés, ce qui est une chose que nous pourrions tous souhaiter de nos jours. Selon l’étude d’Adam Grant, professeur de management à la Wharton School, les dirigeants introvertis ont parfois de meilleurs résultats que les dirigeants extravertis. Les introvertis ont plus tendance à laisser des salariés talentueux suivre leurs propres idées, au lieu d’essayer de mettre leurs empreintes sur toutes choses. Et ils ont tendance à être motivées non par l’ego ou la recherche des honneurs, mais par un dévouement à l’objectif plus vaste qu’ils poursuivent.

Il y a une relation entre l’introversion et la créativité. Les recherches des psychologues Csikszentmihalyi Mihaly et Gregory Feist suggèrent que les personnes les plus créatives dans de nombreux domaines sont généralement introverties. C’est probablement parce que les introvertis sont à l’aise pour passer du temps seul, et la solitude est un élément crucial et sous-estimé de la créativité.