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Le documentaire diffusé par Arte débute par ces quelques phrase qui résument bien l’idée directrice du réalisateur Martin Meissonnier : « Nous passons un tiers de notre vie au travail, autant en faire quelque chose ! Des structures hiérarchiques peu agiles, des horaires de travail rigides, l’absence d’information sont autant de facteurs de frustration personnelle et d’inefficacité professionnelle.  Et pourtant, des entreprises aux méthodes managériales alternatives existent. »

Le réalisateur nous propose une heure trente d’enquête sur ces entreprises dites « libérées » qui bousculent les codes de managements traditionnels et notamment la hiérarchie pyramidale.

De Montauban aux États-Unis, de l’Inde à la Belgique, nous découvrons certains des secrets de ces entreprises où il fait bon vivre. Grâce à un profond changement dans ces organisations, les collaborateurs retrouvent le sourire en allant travailler. Sourire aussi sur le plan financier : toutes ces entreprises sont en pleine croissance ! Agréable à entendre à l’heure où « la crise économique » est dans toutes les têtes et reprise en boucle dans les médias.

Jean-François Zobrist, ancien dirigeant de la fonderie picarde FAVI est un modèle en France en matière d’entreprise libérée. Autre exemple d’entreprise mis en avant : Poult, usine de biscuits à quelques kilomètres au nord de Toulouse qui emploie près de 800 salariés. Dans ces deux organisations aux secteurs d’activités pourtant opposés il y a des actions très simples qui ont été mises en place : suppression des chefs de lignes, faire confiance aux salariés, suppression des contrôles d’horaires et de la paperasse inutile…

Et pourquoi pas dans les administrations publiques ?! Par exemple avec Laurence Vanhée, ancienne DRH de la Sécurité Sociale Belge. Celle que l’on appelle Happy Laurence a rebaptisé son service « Direction générale du bonheur », et Frank Van Massenhove, travaillant aussi pour le SPF, explique sa malicieuse mise en place du télétravail : comment il en est venu à payer ses employés pour qu’ils restent chez eux et profitent de leur vie familiale tant que les objectifs sont remplis. Et si les chiffres sont atteints, ce dernier souhaite que les bonus, primes et autres extras soit justement distribués.

Sur ce sujet casse-tête du partage de la richesse, il n’est pas le seul. Les employés de ChronoFlex en ont fait leur priorité lors de la restructuration de l’entreprise qui était alors très fragile sur le plan économique. C’est en effet les salariés qui, à la suite d’un très grand rassemblement/brainstorming, ont pris ces sujets importants et ont travaillé dessus après avoir constitué des groupes de travail.

Le film nous montre également que « nous ne sommes pas non plus dans le monde des bisounours » comme l’évoque Laurent Ledoux. La mise en place de cette démarche ne se fait pas sans heurt, la remise à plat d’un organigramme n’est pas sans conséquence et pour certains cadres à qui cela ne convient pas, c’est le moment de partir. C’est aussi une voie qui remet en question le temps de travail, ce qui amène à quelques frictions avec les syndicats.

Chacun de ces intervenants s’accorde sur une définition du « leader » : il doit accompagner et favoriser la réflexion plutôt que d’imposer des directives. Il définit les objectifs, sait s’effacer au profit de son équipe et de son épanouissement. Et pour être sûr que le leader convienne à l’équipe, c’est elle qui le choisit. Comme chez Gore où, une fois élu, les leaders peuvent à leur tour compter sur le soutien d’un « sponsor » de leur choix. Autre point distinctif de cette multinationale américaine : elle compte 10 000 salariés qui ont tous le statut d’associé. Et ce n’est pas un phénomène nouveau, Bill Gore a mis en place cette organisation en 1958 !

L’entreprise libérée est un concept de Isaac Getz présent tout au long du documentaire. C’est « une entreprise où la majorité des salariés peuvent décider toutes actions qu’ils considèrent eux-mêmes comme étant les meilleures pour l’entreprise sans qu’elles soient nécessairement imposées par les décideurs ou une quelconque procédure.
Ce type d’organisation fondée sur la liberté des salariés offre deux contre parties avantageuses à l’entreprise :

  1. L’ensemble des salariés agissent pour le bien de l’entreprise et non plus pour obéir à leurs dirigeants ou appliquer des procédures.
  2. On peut dès lors parler de bonheur des patrons et actionnaires puisque les salariés sont totalement impliqués dans la promotion de la vision de l’entreprise. »
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