Dans les « 10 commandements de la confiance » Hervé Sérieyx, compare un Airbus A380 à un plat de spaghettis de la façon suivante : il oppose ce qui est compliqué à ce qui est complexe.
Un Airbus A380 est donc compliqué alors qu’un plat de spaghettis est complexe.
Pour construire un avion, il faut des milliers de pièces et des centaines de compétences différentes. Mais il y a un plan qui permet de le reproduire à l’identique. Et heureusement, parce que cela garantit qu’il vole ! Le monde du compliqué est prévisible, maîtrisable et contrôlable.
Le plat de spaghettis, lui, est complexe. Pourquoi ? Avec votre fourchette et votre cuillère vous n’avez aucune idée du nombre de pates que vous allez attraper et déposer dans votre assiette. Vous ne savez pas non plus comment elles vont se positionner. Par ailleurs, même si vous vous entrainez pendant des années, vous avez très peu de chances d’obtenir un résultat identique en réalisant plusieurs fois la même opération. Le monde du complexe est faiblement prévisible, jamais complètement contrôlable, et, surtout, non reproductible.
Alors quel rapport avec la conduite du changement ?
Le changement est plus complexe que compliqué et c’est au chef de projet de gérer la transition entre l’avant et l’après.
D’abord, une démarche de changement ne se déroule jamais complètement comme prévue. Cela ne veut pas dire qu’il est inutile d’anticiper. Mais il est impossible de tout prévoir, car le changement fait intervenir le facteur humain et que celui-ci ne peut jamais être totalement maitrisé.
Il faut renoncer à un contrôle total pour accepter la part d’incertitude inhérente à tout changement.
C’est ce qui vous permettra de répondre aux situations imprévues.
Si on finit par faire autrement, ce n’est pas forcément parce qu’on a été « mauvais ». C’est qu’il était impossible de tout prévoir. En matière de changement, personne ne possède de boule de cristal ! En revanche, il faut être capable de prendre rapidement une autre direction quand on s’aperçoit qu’on va dans le mur.
Seconde conséquence : l’accompagnement du changement n’est pas reproductible. Deux changements identiques dans des contextes différents peuvent nécessiter des démarches opposées. Le « copier-coller » est une erreur facile à commettre, surtout pour les consultants : on croit savoir parce qu’on a déjà fait. Eh bien, non !
Je partage totalement votre analyse.
Dans un système complexe, le degré de dimension à adresser ainsi que le nombre d’interactions entre les dimensions du système sont élevés. Plus le nombre de liaisons, d’interactions, de rétroactions, d’antagonismes et de concurrences existent entre les dimensions de la situation, plus cela génère de l’incertitude, donne lieu à une multiplicité de lectures et fait obstacle à la prise de décision.
Dans ce contexte, je préconise la mise en place d’une démarche basée sur un processus organisant et apprenant, « l’Enquête Dialogique » (cf. travaux de Philippe Lorino). Celle-ci est basée sur l’intelligence collective, l’expérimentation à cycles courts et le recueil du feedback des parties prenantes. dans un environnement complexe, le but de ce processus organisant est de trouver rapidement une solution opérationnelle.
Restant à votre disposition pour échanger sur le sujet.
Merci pour vos remarques Dominique.
Nous sommes également très sensibles aux bénéfices de la co-construction et de l’intelligence collective sur les projets.
A travers Changestorming, nous abordons chaque projet avec l’idée d’impliquer les collaborateurs dès la phase de conception.
Les ateliers sont un excellent moyen de les faire participer à l’élaboration de solutions opérationnelles.
Je ne connais pas encore l’Enquète Dialogique. Voulez vous publier un article sur le sujet sur notre site ? J’ai vu que vous étiez inscrit à notre atelier le 8 Octobre. Je vous propose d’échanger ensemble à cette occasion.
Voilà une différence essentielle, soigneusement oubliée par les tenants du big data qui pensent pouvoir réduire la complexité à coup d’algorithmes et qui se présentent comme des experts ès-complexité alors que ce sont surtout les rois du compliqué!… cette différence, posée me semble-t-il il y a bien longtemps par Edgar Morin (référence nécessaire dont je serai preneur) est trop méconnu. Merci de l’avoir rappelée.
Je suis entièrement en phase avec vous car s’il y a bien une notion qui est difficilement maîtrisable, c’est bien le facteur humain. En effet, à problème identique, à public identique, nous devons adapter nos comportements comme une improvisation car suivant les jours, l’humeur et la perception sont différentes…. car tout est pondéré par »le vécu du jour »