À notre époque, est-il facile de dire que l’on n’est pas d’accord à son chef ? Que cette réunion est inefficace ? Que le comportement caractériel d’un responsable met en difficulté toute une équipe ? À l’évidence non ce n’est pas facile pour la plupart des personnes travaillant dans nos entreprises.
L’impertinence au travail, c’est un concept défini par Agnès Muir-Pouille dans son dernier livre « Petit traité d’impertinence constructive » qui consiste à outrepasser les rapports trop formels et faussement polis, qui ralentissent les relations entre collaborateurs en entreprise.
L’auteur propose dès le premier chapitre de « Tuer son boss », c’est un peu radical me direz-vous…
Rentrons donc dans le détail des neufs pratiques de management dites « nutritives » afin de rétablir le dialogue en entreprise quand les relations humaines sont devenues insuffisantes.
Elle définit d’abord les différentes méthodes visant à favoriser l’expression des idées et des doléances des salariés à leur hiérarchie et parvenir à nouer un dialogue. Pour elle, il faut bousculer la bienséance stérile et aller au-delà de la langue de bois !
Par cette approche, on modifie les comportements dans l’entreprise jusqu’à faire évoluer les rapports avec sa hiérarchie. C’est ce que l’auteur appelle : « Tuer son boss ».
Selon Isaac Getz et Brain Mc Carney dans leur ouvrage « Liberté et Cie », les entreprises qui prônent une organisation hiérarchique réduisent le bien être du salarié, et donc sa participation et au final, sa productivité… . Cela implique donc des « coûts cachés pour l’entreprise, qui ne pèsent pas seulement sur les bénéfices mais aussi sur la santé des collaborateurs ».
Plus généralement, elle combat donc la relation employeur-employé dans les entreprises qui prônent une organisation hiérarchique.
La plupart des directions d’entreprises optent néanmoins pour ce modèle autoritaire et pyramidal. Celles-ci mettent en avant ces principes d’abord par facilité car ils les ont toujours appliqués mais ils s’imaginent également que ce sera toujours préférable à une relation moins formelle et potentiellement moins cadrée. Or, selon l’auteur, il semblerait que ce type de management, tout droit tiré des révolutions industrielles, ne soit plus réellement opérationnel aujourd’hui.
Agnès Muir-Pouille s’intéresse à tous les éléments de la relation entre un employé et son patron, en soulignant l’excès de politesse et le manque de naturel des conversations qui finalement ne conduisent pas à un échange réel.
Alors comment faire ?
Agnès Muir-Pouille met en avant le concept d’impertinence constructive.
Il s’agit de se libérer de la pression de la hiérarchie, de s’affranchir du cadre qui norme l’ensemble des rapports de communication.
Et pour y arriver, il faut parfois se montrer provocateur afin de rétablir la participation des collaborateurs en leur donnant droit à une forme d’insolence. Risquer de paraître effronté semblerait encore, pour la majorité des collaborateurs, incompatible avec l’idée de respect de la fonction, et c’est justement cette opinion qu’Agnès Muir-Pouille entreprend de démentir.
« L’impertinence constructive » au travail, l’expression peut sembler radicale. Cette posture désigne la capacité à exprimer son avis sur un sujet polémique sans s’attirer les foudres de son responsable. Exprimer une pensée divergente peut, dans l ‘esprit des collaborateurs, s’apparenter à un acte d’impertinence. Ce serait d’autant plus imprudent que les relations entre individus deviennent de plus en plus virtuelles et qu’il devient de moins en moins facile d’exprimer des opinions divergentes en réunion.
L’idée de l’auteur est d’adapter le type de discours aux nouvelles formes d’organisation du travail dont la coordination s’effectue horizontalement, et de ne pas empêcher une parole créative et constructive.
Certains travaux de recherche font état d’un manque d’insolence dans nos relations de travail et c’est dans notre devoir d’y remédier.
La majorité des employés souhaitent jouer un rôle dans la gouvernance de l’entreprise. Chacun des salariés, du moins engagé au plus ambitieux, doit sentir qu’il a droit à la parole et à l’initiative, facteurs d’une auto-motivation et d’un épanouissement intellectuel irremplaçables.