Dernièrement, j’ai été plusieurs fois contacté pour animer des communautés d’entreprise. D’abord curieux, j’en ai parlé autour de moi et pour la plupart il s’agissait de gérer la communication sur leur intranet.
Alors Intranet ou Réseau social ?
Je décide alors de prendre rendez-vous avec les personnes qui lancent ces projets pour connaitre leur ambition et je comprends comment l’entreprise est en train de révolutionner les façons de travailler.
Sur l’intranet, vous êtes passif, vous accéder à de l’information, un peu comme dans une salle de spectacle. Sur un Réseau Social d’Entreprise (RSE), vous vous retrouvez sur la scène, vous êtes acteur, vous écoutez, vous partagez, vous apprenez et c’est toute l’entreprise qui change son approche et ses méthodes.
Un exemple ?
Casse-tête pour ce chef de projet d’un grand groupe bancaire, il doit animer un atelier collaboratif sur les solutions que son entreprise devrait mettre en place pour préserver l’environnement. Alors comment faire face à cette demande pour le moins originale ? Il décide de se connecter au réseau social ouvert depuis quatre ans aux 170000 salariés du groupe. En quelques phrases, il expose le problème à sa communauté. Les membres relaient la demande et résultat: 250 solutions récoltées en un temps record auprès de collaborateurs basés aux quatre coins du monde qu’il n’a jamais rencontrés !
Yammer, Slack, Jive… de plus en plus de solutions digitales se développent
Ces Facebooks pour entreprise permettent de créer des espaces de discussions, publics ou privés, dans lesquels l’on peut inviter des participants, s’abonner à différents flux et suivre en temps réel les nouveaux ajouts en recevant une notification « alerte » par courriel. La plupart des applications permettent également d’ajouter des flux d’informations extérieurs. Les membres sont regroupés en communautés et échangent sur leurs bonnes pratiques, leurs événements, leur activité…
Le chef de projet devient également un digital marketer de son projet, il a une réflexion sur sa communication digitale. C’est un outil formidable pour montrer une dynamique, donner de la visibilité et mettre en valeur ce que l’équipe réalise.
Au-delà des communautés, les plateformes digitales permettent également de créer son profil pour mettre en valeur son expertise, ses centres d’intérêts, afficher sa photo… et son mur pour afficher une vision de l’activité de son écosystème (collègues, communautés, échange autour d’une thématique, etc.)
A cela s’ajoute une multitude de fonctionnalités collaboratives : publication de contenus, partage de documents, co-construction de documents, outils d’animation de réseau… permettent de déployer l’intelligence collective au sein des organisations.
Pas étonnant que, depuis leur apparition en 2008, de telles plateformes aient séduit 58% des grandes firmes françaises. Selon une récente étude de McKinsey, il permettrait même aux collaborateurs de réaliser un gain de temps estimé entre 20 et 25%, grâce au travail collaboratif
Cette nouvelle façon de travailler répond évidemment au besoin d’échanges et d’interactivité des plus jeunes, qui ont grandi avec Facebook et Twitter. C’est clairement un moyen d’attirer les générations Y et Z pour les grands groupes ! Ceux-ci ont d’ailleurs totalement adhéré ! Selon une étude, les RSE permettent de faciliter les échanges ouverts (pour 75 % d’entre eux), l’entraide (72 %), l’émergence d’idées nouvelles (72 %), la coordination des activités (62 %), la décision (62 %) et la montée en compétences de chacun (59 %).
Un potentiel encore inexploité
Malgré toutes les possibilités offertes par les réseaux sociaux d’entreprise on constate que seulement 25 % des managers les utilisent au quotidien (76 % le font pour diffuser de l’information, 73 % pour obtenir de l’information, 69 % pour échanger avec leurs pairs et 61 % pour partager de la veille ou leur point de vue).
Maintenant que je travaille sur le sujet je me rends compte que dans les groupes précurseurs sur le sujet, ces communautés font partie du dispositif projet et ne sont pas animées en best effort. Les managers intègrent l’animation des RSE dans les objectifs de leurs collaborateurs car ils ont saisi les bénéfices qu’ils peuvent en retirer.
Mais concrètement comment faire adopter les RSE dans mon organisation ?
Comme toujours l’appui du management est la clé. Si ils n’y croient pas, vous n’avez aucune chance de faire entrer ces pratiques dans la culture l’entreprise. Vous aurez besoin de leur soutien pour que cela devienne viral auprès de tous les collaborateurs.
La mise en place de cette démarche doit ensuite être accompagnée et stimulée par des leaders ou des community managers. Ce sont eux qui devront animer et fédérer les collaborateurs ayant des intérêts communs. Pour cela, ils utilisent les plateformes digitales bien sûr mais rien n’empêchent les rencontres en présentiel également : animation d’ateliers de co-construction, organisation de super events pour tous les membres de la communauté ou réunion des membres sur une problématique projet par exemple
Repenser l’organisation
Derrière l’innovation, les communautés permettent aussi la montée en compétences et la collaboration, soit deux points clés figurant au top 5 des priorités des managers. Les impacts de la mise en place des réseaux sociaux professionnels sont globalement très positifs, mais ils demandent également de repenser l’organisation dans son ensemble vers plus d’autonomie et vers plus de responsabilité. L’entreprise tend ainsi lentement vers des organisations en réseau favorisant la digitalisation, la transversalité, l’intelligence collective, l’agilité et l’innovation.
Au sein des organisations, on constate aujourd’hui que 20% du temps de travail d’un collaborateur est consacré à la recherche d’information interne en sollicitant des collègues pour des tâches spécifiques. Le RSE représente donc également un véritable gain de compétitivité pour l’entreprise.
Une évolution culturelle
C’est mon avis, pour conclure cet article, je voudrai insister sur l’évolution culturelle amenée par l’expérience que j’ai vécue sur les réseaux sociaux d’entreprise. Depuis des années on entend que les collaborateurs se détachent de leur entreprise, et je crois que le RSE permet de créer un véritable sentiment d’appartenance. En donnant cette visibilité et cette ouverture, c’est une formidable opportunité d’innover et de se démarquer. On développe un fort sentiment d’appartenance à une équipe, un projet et donc à l’entreprise.
Et de plus en plus, les évolutions dans les entreprises ne se décrètent pas, elles se font à l’échelle locale et deviennent virales dans une dynamique de contamination. Mettre en valeur les micro-réussites à travers le RSE va emmener l’entreprise vers l’évolution attendue et lui permettre de remodeler sa culture et d’apporter aux collaborateurs un bien être dans leur activité professionnelle tout en poursuivant les objectifs de l’entreprise.