Vous avez probablement déjà été confronté à ce paradoxe selon lequel les personnes avec lesquelles vous travaillez vous demande de mettre en place du changement et de l’innovation mais une fois qu’elles doivent concrètement changer leurs habitudes trouvent des raisons pour revenir à la situation initiale car le conflit intérieur pour accepter cette évolution leur parait soudainement insurmontable.
Pour Robert Kegan et Lisa Lahey, auteurs du livre Immunity to Change, face au changement, nous avons tous tendance à réagir comme le ferait un système immunitaire, c’est à dire en essayant de nous protéger.
Ce comportement est naturel, il nous permet de faire face à certaines situations. Par exemple, il arrive qu’une personne force son trait de caractère workaholic car cela lui permet de compenser un manque de confiance en lui. Il ne traite pas directement son problème mais compense autrement.
Malheureusement, ce frein naturel nous empêche d’adopter les « bons » changements. Pour illustrer cela, on cite souvent ce résultat d’une étude qui montre que lorsque les docteurs expliquent à un patient qu’il va mourir s’il ne change pas ses habitudes, seulement un patient sur sept sera capable d’effectuer ce changement avec succès.
Pour nous aider à mieux mettre en place cette démarche de changement les auteurs expliquent que nos résistances sont le plus souvent inconscientes et qu’il faut donc les rendre conscientes. Pour réussir cela, ils nous proposent un outil permettant de faire un travail d’introspection à travers quatre questions qui suivent une progression :
– Définir son objectif d’amélioration (le but)
– Lister les comportements en opposition (ce qu’on fait et qui nous empêche de l’atteindre)
– Révéler nos engagements contradictoires (pourquoi on le fait, éléments en concurrence)
– Identifier les suppositions sous-jacentes (grandes hypothèses sur lesquelles on a battit nos comportements)
1ére étape – Définir son objectif
Dans cette première colonne, on cherche à définir l’objectif à atteindre, quelquechose que l’on souhaiterait vraiment changer au plus profond de nous. C’est sur ce point que l’on va engager notre démarche de changement, on va donc le décliner en une liste d’actions qu’il faudrait entreprendre pour l’atteindre.
Par exemple: Je voudrai être de meilleure écoute avec mes collègues de travail. C’est à dire faire progresser la communication entre mes collègues et améliorer ma capacité à collaborer.
2ème étape – Lister les comportements en opposition
Dans cette étape, on liste ce qu’on fait ou ne fait pas et qui nous empêche d’atteindre notre objectif. Une fois ces éléments identifiés, il serait tentant de vouloir simplement remédier au problème en changeant ces comportements. Ce serait pourtant une erreur, car à ce stade nous n’en avons pas encore analysé les raisons d’êtres.
Par exemple: Je ne pose pas de questions à mes collègues et je résiste à prendre en compte les idées des autres sérieusement.
3ème étape – Révéler nos engagements contradictoires
C’est là que l’introspection commence, il faut donc être le plus honnête possible pour réussir à révéler les engagements, pas toujours conscients, que nous avons pris et qui peuvent nous empêcher d’attendre notre objectif. Une bonne façon de les révéler est de se demander quelle serait notre plus grande crainte si nous devions adopter l’opposé de nos comportements.
Par exemple: J’ai un pacte avec moi-même que ma valeur ajoutée ne soit pas diluée dans la masse d’idées et que mes idées soient vues comme les meilleures.
4ème étape – Identifier les suppositions sous-jacentes
C’est l’étape la plus difficile, il s’agit d’examiner chacun de nos engagements contradictoires pour comprendre la raison sous-jacente qui nous pousse à les tenir. On peut alors réellement se poser la question de leur pertinence. Si on arrive à les remettre en cause alors on pourra commencer à changer. Il faut relativiser nos craintes, en quoi le fait qu’elles se réalisent serait il un problème ?
Par exemple: Si ma valeur ajoutée est diluée dans la masse d’idées, je suis invisible et être invisible, c’est comme me sentir mort.
Si mes idées ne sont pas vues commes les meilleures, ma valeur dans l’équipe est inexistente.
Ne pas être au coeur des discussions est une faiblesse et communiquer est une plus grande qualité qu‘écouter
Et la suite ?
Une fois ce travail réalisé, votre immunité au changement est identifiée et vous allez donc pouvoir petit à petit faire évoluer vos comportements dans la bonne direction. L’aide d’un coach peut alors s’avérer utile, et je vous conseille de contacter Sabrina dont je me suis largement inspiré pour rédiger cet article !
J’ai constaté que l’introspection n’est pas toujours facile à mettre en oeuvre, étonnamment, certaines personnes utilisent cet outil pour décrire ce qui ne va pas chez les autres ! Ce travail intérieur nous confronte à certaines vérités que nous préférerions peut-être ignorer. Au final changer c’est aussi faire preuve d’une bonne dose de courage !